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Bretagne Déçus par le gouvernement, les légumiers bretons restent déterminés

"Très très déçus" par les réponses du ministère de l'Agriculture à la crise légumière, et notamment du choux-fleur, les producteurs bretons ont annoncé vendredi à Rennes la poursuite de leur combat pour la survie de la production bretonne et contre la concurrence déloyale.

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"La bagarre va continuer. Elle ne fait que commencer", a lancé vendredi après-midi à Rennes Thierry Merret, un des cinq délégués reçu dans la matinée par le directeur de cabinet d'Hervé Gaymard à Paris.

Il s'exprimait devant les agriculteurs à l'issue d'une manifestation très calme du secteur légumier qui a rassemblé un millier de personne selon la police, 1.500 selon les agriculteurs.\n Ce producteur de légume FDSEA du Finistère a donné au gouvernement jusqu'à la fin de la semaine pour faire de nouvelles propositions, sans quoi les producteurs, qui manifestent déjà régulièrement depuis 10 jours, se remobiliseront la semaine prochaine.

La France est déterminée à obtenir que la Commission européenne accepte de mettre en place un dispositif de gestion de crise du marché du chou-fleur, a affirmé le ministère de l'Agriculture après la rencontre. Bruxelles s'y est opposé le 26 octobre.

Insuffisant de toute façon pour M. Merret, car le dispositif ne s'enclenche que lorsque l'agriculteur produit à perte. "La crise appelle d'autres mesures que celles-là", a ajouté le président de la FNSEA, Jean-Michel Lemétayer, qui n'a pas participé à la réunion à Paris mais s'est joint aux manifestants.

"SOS, on coule", "Mort du légume = Bretagne en friche", "Distorsions sociales = concurrence déloyale", "Légumiers bretons cherchent main d'oeuvre à un euro de l'heure", "Bruxelles impose, Paris s'écrase", pouvait-t-on lire sur les banderoles, "Consommateurs, aidez-nous, achetez breton".

Les légumiers bretons affichent une baisse de 20% de leur chiffre d'affaires cette année par rapport à l'an passé. Ils déplorent en particulier 5,3 millions de choux-fleurs invendus cette saison sur 16,7 millions de têtes mises sur le marché.

Les producteurs disent ne plus pouvoir compenser les aléas météo du marché du frais par la surgélation et la vente aux entreprise de transformation. Ces dernières se tournent en effet vers le marché polonais, qui produit à moindres coût, notamment de main d'oeuvre.

La Pologne emploie pour un euro de l'heure, contre 13 à 15 euros, pour les producteurs français, selon les Jeunes agriculteurs d'Ille-et-Vilaine. Or dans ce secteur les coûts de main d'oeuvre sont déterminants.

"Bruxelles dit faire la chasse aux distorsions de concurrence mais elle refuse de mettre fin à cette distorsion sociale. On transfère de la misère de l'Est vers chez nous. Notre demande de solidarité est juste", a martelé Pierre Bihan-Poudec, président de la coopérative de Saint-Pol-de-Léon devant les manifestants. "A quand une Europe sociale", a ajouté Hervé Conan, un autre producteur.

"Il y va de la pérennité de la production dans la région", souligne la FDSEA d'Ille-et-Vilaine dans un communiqué: L'emploi des 15.000 personnes travaillant directement et indirectement dans la filière légumière bretonne "est sur la sellette".

"Une société ne peut vivre sans production, si elle ne se base que sur du tertiaire car la production est le pilier du tertiaire", a ajouté Pierre Bihan-Poudec.


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